DEFIS POUR LES MEDIAS DANS UN NOUVEL ENVIRONNEMENT

DEFIS POUR LES MEDIAS DANS UN NOUVEL ENVIRONNEMENT.

Nous arrivons à la fin de nos exposés ; celui qui nous concerne n'a pas la prétention d'ouvrir de nouveaux chantiers. Son ambition est d'introduire ou de prolonger notre discussion sur un sujet qui finira par s'imposer à la presse d'aujourd'hui, au regard des avancées technologiques enregistrées dans le domaine de la transmission des informations

Il s'inscrit dans le thème de la journée à savoir : les nouvelles voix : la liberté des médias aide à transformer les sociétés.

On peut le dire maintenant, le monde de la presse ou plutôt la corporation des journalistes s'agrandit plus rapidement qu'on ne l'imagine. Les nouvelles technologies y sont pour quelque chose. Récemment, au Sénégal lors de la récente élection présidentielle et même lors de l'accession de Monsieur Abdoulaye WADE à la présidence, tous les journaux et observateur de la vie politique sénégalaise ont mentionné le rôle capital et crucial joué par les nouveaux venus dans ce métier.

Le printemps arabe que nous venons de vivre a été aussi marqué par l'accélération de l'histoire orchestrée par ces mêmes journalistes communément appelé journaliste citoyens. Ils pratiquent un journalisme qui fait appel aux internautes. Il est important qu'on s'arrête un moment pour réfléchir sur ce journalisme citoyen. De nos jours, il est incontestable qu'il joue un rôle social important car nous savons que l'information influence le citoyen. Il influence ce qu'il fait et ce qu'il pense.

Internet et autres structures ont joué un rôle innovant avec les blogs dans les grands moments dans l'histoire des nations.

Le journalisme citoyen ? Comment le définir ? En d'autres termes, peut- on tous nous appeler journalistes ? Ceux qui alimentent les blogs, informent par SMS ou autres canaux, sont-ils aussi des journalistes ? Quels sont donc les limites de ce journalisme citoyen qui s'appuie essentiellement sur le travail des profanes pour donner l'information ? Ce journalisme citoyen apparemment ne se sert pas d'intermédiaire, le journaliste. Il ébranle même les fondements de cette institution, le journalisme. Compte tenu de son ampleur, de son impacte et de son influence, il finira surement par pousser la presse à revoir peut-être son mode de fonctionnement.

L'expression ''journaliste citoyen'' a été forgée pour parler de l'intervention croissante d'internautes qui ne sont pas des journalistes professionnels dans l'élaboration des sites d'informations. Le journalisme citoyen signifie que des hommes et des femmes jouent un rôle actif dans le processus de collecte de traitement, de transmission et de diffusion de l'information. Il s'appui, comme je l'ai dit, sur les blogs, les wikis et les plateformes de publication de contenus pour donner l'information à débattre. Il permet de faire circuler très rapidement les informations les plus variées. Il suscite souvent les débats les plus vifs et démocratiques.

Cette pratique semble s'opposer au journalisme traditionnel qui est une profession codifiée ayant ses lois, ses règles, ses chartes, ses contraintes d'espaces, de temps, de rentabilité, mais aussi de rigueur et de déontologie dans le traitement des informations. Le citoyen ou du moins l'idée de citoyen fait allusion à l'homme ou à la femme ayant des convictions qui s'expriment en toute liberté. Il est presque opposé dans ce contexte précis au journaliste qui dans l'exercice de sa profession tient compte des règles d'objectivité et de neutralité.

En effet, on ne peut pas comparer un reporter qui travaille toute la journée à quelqu'un qui occasionnellement décrit un évènement vécu. A vrai dire, le journaliste lui-même est un citoyen. En tenant compte de la juxtaposition de ces deux vocables ''journaliste citoyen'' on peut dire que l'expression est impropre.

Quoi qu'il en soit, ''le journaliste citoyen'' est un phénomène qui prend de l'ampleur. Il est suffisamment fort et peut ébranler certaines personnalités.

Une personnalité en compétition électorale s'est vue obligée de porter plainte contre cette presse citoyenne qui a publié récemment un document parlant d'une somme octroyée par les leaders d'un pays pour sa campagne. La personnalité visée a été obligée de porter plainte, donc il a réagit à l'information diffusée.

Pour ne parler que de cet exemple que nous n'avons pas besoin de préciser, cette information a été relayée par les médias traditionnels et est devenue un thème important de la campagne des deux protagonistes. Certes cette information est donnée par les médias traditionnels en précisant sa source. Donc dans les faits le journalisme citoyen et le journalisme traditionnel ne sont pas en conflit.

Comme on vient de le mentionner, le journalisme traditionnel ne peut rester hermétique et insensible au développement du journalisme citoyen. Il évolue au contacte de ce dernier. Les blogs et autres éditions citoyennes ne remplacent pas le journaliste mais transforment la pratique de son métier. Avec ce journalisme nouveau, celui lié à internet, le journalisme traditionnel est obligé de travailler autrement. Cet autrement se traduit essentiellement par l'aspect participatif. Le journaliste développant l'actualité ne dit plus une messe. Il ne dit plus ''voici ce que je sais''. Désormais, il dira ''voici ce que j'ai appris'', votre réaction ? ou qu'en pensez-vous ?

Ce mouvement imposé par l'évolution des technologies modernes d'information et de communication marque petit à petit la fin d'une pratique journalistique au profit d'un métier plus ouvert qui absorbe le produit du journalisme citoyen. De ce point de vue, il n'y a plus de monopole de l'information car les agents qui la traitent sont nombreux et viennent de tous les horizons.

Les blogs sont donc un outil important et complémentaire pour les journalistes. Ils constituent un nouveau lien social avec lecteurs. L'avantage des blogs ou des médias participatifs est d'utiliser un moyen sans contrainte d'espace et de délais. Ils enrichissent les médias traditionnels. Cette nouvelle collaboration va s'accentuer au fil du temps.

Il est aujourd'hui courant de voir des grands journaux faire coexister deux rédactions, l'une dédiée au papier et l'autre au web. La première incarnant un travail fini alors que l'autre traduit la modernité. L'édition papier est souvent complétée par l'édition numérique.

Ainsi donc, les barrières tombent progressivement et mettent la presse dans un carrefour englobant presse traditionnelle et presse numérique. Cela durera un temps. De cette cohabitation, une nouvelle presse dominera. C'est celle qui s'adaptera à la modernité. Apparemment, la presse numérique semble avoir pris un départ que personne ne pourra arrêter. Il lui faut dans son évolution penser à la formation, à la législation et à la coopération entre le sud et nord.PBM.